Quelques jours ailleurs

Promenons-nous dans les bois…

Les vacances se sont terminées il y a quinze jours…

Et ce qui me manque le plus aujourd’hui, c’est de me réveiller chaque matin en pleine nature, au milieu de nulle part à la lisière du bois. La promenade du matin sur le chemin me manque… Passé les petits pommiers et les pruniers, on rejoint les chênes, les noisetiers…

J’ai toujours adoré les promenades en forêt… Dans les monts du lyonnais où je découvrais le rythme des saisons et la cueillette. Dans les forêts de mélèzes de Hautes-Alpes où nous cherchions les myrtilles et nous régalions de fraises des bois et de framboises. En Chartreuse où les skis crissaient sur la neige… Ici, en Aveyron, dans cette forêt primaire, je découvre fascinée la vie qui se déploie et vient parfois m’effleurer sous la forme d’une belette, d’un chevreuil… ou d’une chauve-souris !!

Ce calme et cette sérénité rencontrés en forêt, ce lâcher-prise qui s’installe faisant disparaitre les angoisses, le stress et la fatigue, nous en faisons tous l’expérience…

Effet de mode… Il y a quelques mois, j’ai vu fleurir des articles, des livres sur le bain de forêt et les traditions de bien-être japonais autour du Shinrin Yoku et des thérapies consistant à côtoyer la nature et les arbres. J’y ai retrouvé ce que j’aime et pratique dans mes promenades et mes connexions en forêt mais aussi des analyses scientifiques !

Faire le plein de phytoncides

La sylvothérapie n’est pourtant pas quelque chose de nouveau…  Le XIXème  siècle avait vu se répandre le traitement des tuberculoses et autres maladies respiratoires par l’immersion des malades dans des forêts leur offrant un air plus pur.

Si certains peuvent le voir comme une escroquerie médicale ou comme une expérience dangereuse pour la santé (oui, la nature n’est pas forcément amicale), des recherches démontrent les bénéfices que nous pouvons en tirer.

En lisant le livre de Peter Wohlleben « La vie secrète des arbres » (et ceux dont la traduction en français a suivi), j’ai renoué avec les sensations qui m’habitaient enfant lorsque j’étais en forêt. Une sorte de reconnexion et surtout des mots et des analyses pour comprendre cette magie de la chimie des arbres.

Sentir cet humus caractéristique des forêts, se blottir contre les arbres ou les enlacer, se laisser bercer par le bruissement des branches, ou plonger notre vision sur des feuillages verdoyants à l’infini… tout ne serait que chimie… et en majorité phytoncides…

C’est bien joli, mais que sont les phytoncides ?

Il s’agit de molécules excrétées par les végétaux pour se défendre contre les insectes et les maladies, champignons et bactéries. Mais aussi pour communiquer entre eux… Ces molécules se retrouvent dans l’air, en grande quantité lorsqu’on est en forêt, et elles passent dans nos poumons se mêlant aux huiles essentielles qui émanent des arbres. Les plus connues et les plus efficaces sur notre santé sont sans doutes celles des forêts de pins ou d’eucalyptus où les concentrations de dioxygène ont des effets bénéfiques sur notre organisme. (Mais attention à l’ozone, présente aussi !)

La forêt ne se limite pas à ces molécules. Son écosystème accueille d’autres aides bénéfiques comme la bactérie Mycobacterium vaccae qui stimule le système immunitaire.

Si on s’accorde sur les études, regain d’énergie, renforcement du système immunitaire, baisse du stress, amélioration de la concentration et de la mémoire, réduction de la tension artérielle et du taux de glycémie, alors pourquoi se priver d’une promenade en forêt ? Ou d’habiter une cabane au milieu des bois ?

Tous les sens en éveil

Les cinq sens en éveil, cette plongée en forêt nous déconnecte du quotidien et régule notre santé psycho-émotionnelle. En intérieur, on ne sollicite généralement que la vue et l’ouïe. Dans la nature, tout s’éveille… Tout s’active !

Si on se rapproche de la pratique du Shinrin Yoku qui consiste en une marche lente et méditative, on plonge en pleine conscience dans l’éveil des sens aux interactions offertes par la nature.
Cette méditation permet de vivre l’instant présent, de se reconnecter à soi, de se régénérer, de s’oxygéner et de stimuler son organisme. Respirer et se concentrer sur sa respiration… essayer de se sentir en symbiose avec la nature.

On est dans l’instant, dans le maintenant, attentifs à tout ce qui nous entoure… on s’autorise à perdre la notion du temps et à trouver l’ivresse dans la forêt !

Je suis persuadée qu’on trouve la paix et l’inspiration au contact de la nature. J’y trouve fascination et émerveillement… et l’énergie pour créer encore. C’est étonnant cette influence apaisante qu’exerce un environnement vert sur l’homme. Quand je me mets au contact de la nature, je me remets au contact avec moi-même.

En ville

Mais là, loin de la campagne et loin de « mes » bois, en pleine ville, je cherche la verdure et l’ombre des arbres.

Pourtant l’idée de partie se promener en forêt relève parfois de l’expédition. Le ritualiser peut être une solution, comme une amie qui s’est inscrite dans un club de randonnées… Sinon on se replie sur des alternatives. Les parcs, les arbres sur le bord de la route… dans une moindre mesure, mon petit jardin de balcon qui m’offre des instant de sérénité que ce soit les mains dans la terre, ou juste le temps d’une tasse de thé.

Il m’arrive aussi de fuir mon bureau pour aller marcher dans la cour, m’appuyer quelques instants sous un marronnier. Un instant de sérénité… et, au-delà, le souvenir des marronniers dans la cour de l’école… avant de reprendre le fil de ma journée…

Renouer avec la nature m’est essentiel. Alors partir en balade dans les bois ou à la campagne et observer ce qui m’entoure devrait être mon quotidien. Devrait…

Visions écopsychologiques

Lorsque j’analyse ce que je ressens au travers de ce manque, ma pensée rejoint souvent un des postulats de l’écopsychologie, celui selon lequel nos problèmes ne sont pas seulement provoqués par notre histoire personnelle mais aussi notre déconnexion avec la nature.

Notre société ne cesse de voir la nature comme un supermarché géant inépuisable ou avec lequel on peut transiger. Malheureusement, ce n’est le cas ni de l’un ni de l’autre.

Il m’apparait clairement que nous avons une affinité avec le monde naturel et que celle-ci est fondamentale pour notre santé physique et psychologique. Cette affinité nous renvoie à notre réalité, à cet ADN qui relie et unifie le vivant. Alors que nos comportements tendent à illustrer le contraire, nous ne sommes pas dissociés de la nature ce qui explique nous souffrons quand nous en sommes séparés.

Cette relation psychique avec la nature qui me semble tellement évidente aujourd’hui me fait m’interroger sur notre société et le mode de fonctionnement auquel nous sommes conditionnés au moins dans le monde occidental. Quitte à les remettre profondément en cause.

Sans doute que notre mode éducatif est à faire évoluer. Fondé sur les sciences humaines, la philosophie, la psychologie, il entretient une conception centrée sur le rapport de soi à soi ou de soi à l’autre mais rarement au monde qui nous entoure et nous soutient. Faire évoluer la conscience de nos sociétés, les reconnecter à la nature pour réduire le fossé existant avec la conscience écologique qui lutte pour sauvegarder la nature et notre planète est plus qu’un défi, une nécessité. Se reconnecter pour vivre en harmonie ? Utopie ?

Il n’en reste pas moins que je sais que la nature et « mes » bois me soignent et me protègent. Si les études scientifiques apportent des lumières sur le pourquoi et le comment, je reste celle qui continue à croire à la magie qui anime chaque arbre et chaque herbe. Celle qui y trouve le repos, l’énergie, la connaissance et peut-être un jour, la sagesse…

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