Et si nous prenions plaisir à cuisiner…
Bonjour !!
J’espère que vous trouvez le temps de vous charger de la belle énergie de l’été. Soleil, chaleur (mais pas trop !!), vacances, famille…
Prendre le temps de cuisiner… ou de faire du pain… c’est ce que j’ai eu le bonheur de pouvoir faire durant mon court temps de confinement. Ce plaisir qui m’avait souvent quitté au fil des années. Par manque de temps… comme un plaisir qui ne pouvait être que pendant le temps des vacances d’été où le temps s’arrête pour nous et que nous ne courrons plus après le temps.
Ce plaisir, j’ai réussi à le conserver durant mon temps de réquisition car la maisonnée continuait à vivre à un rythme de douceur et de bienveillance. C’est fou ce qu’un rythme scolaire sans temps de trajet – certes avec d’autres contraintes pour l’ado – joue sur notre rythme familial ! Puis aujourd’hui alors que nous vivons à un rythme redevenu soutenu, pour nous, parents, je m’efforce de retrouver chaque jour cet espace de plaisir. Même cette semaine de canicule qui m’a poussé à faire preuve d’imagination !
État des lieux
Cuisiner fut / est parfois – ou souvent – un calvaire. Je me souviens de semaines harassantes sans espace, sans souffle, où cuisiner, voir juste ouvrir le frigo et imaginer un repas, était un enfer et un stress insurmontable.
Il n’est pas facile de prendre le temps de cuisiner quand on ne le fait pas avec l’envie. Au quotidien, nos semaines sont bien remplies, on dort, on part travailler, on travaille, on rentre à la maison où on prépare rapidement un repas dans l’urgence, sans particulièrement d’enthousiasme… il faut que ça aille vite !
Parfois on passe à la dernière minute au supermarché pour prendre le nécessaire parce qu’on n’est pas trop organisé. On laisse à l’ado un plat tout préparer à mettre au micro-ondes si on rentre tard ou quand il est là le midi.
Et parfois, un peu par lâcheté… on passe commande au restaurant indien si on ne finit pas par prendre des kebabs en bas de la maison.
Quoi faire à manger quand on rentre chez soi épuisé ? Que le temps manque, qu’il faut faire vite pour ne pas manger à 21 heures et aller se coucher dans la foulée sans pouvoir profiter d’une éventuelle soirée. Alors, la solution de facilité s’impose et ce, de façon déconcertante. On glisse vers la junk good ! Même si – rassurez-vous – la junk food est, encore, bien présente dans notre environnement et notre alimentation, elle devient au rythme de la semaine assez exceptionnelle…
De la joie de nourrir l’autre
Nourrir l’autre ne devrait pas être un stress mais une joie quand on a la possibilité ou la chance de savoir qu’on n’a pas à s’inquiéter d’avoir de quoi nourrir sa famille. Il me faut reconnaître ce privilège…
Il y a bien des façons dans mon quotidien d’avoir du plaisir à cuisiner, à choisir et agencer les ingrédients, à apprécier le processus… mais est-ce que je prends vraiment le temps à chaque fois d’avoir le cœur ouvert pour accueillir cet instant.
Le batch cooking est un peu mon crédo pour libérer du temps en soirée et profiter de ma famille… Ou surtout m’accorder du temps pour moi… Pour sortir de ma journée de travail et revenir au calme sans créer un autre stress. Mais il ne faut pas oublier qu’opter pour le batch cooking, c’est se donner au moins deux bonnes heures de travail en cuisine un jour dit de repos… Alors autant être dans la joie… Et que cette cession ne soit pas ressentie comme un stress supplémentaire dans le million de choses qu’on devrait faire à la place… comme dormir par exemple !? (Où on évoque l’air de rien une problématique de charge mentale…)
Prendre plaisir à cuisiner, c’est avoir intégré qu’au delà d’associer des ingrédients, cela va prendre du temps et qu’on est à même d’apprécier ce temps de transformation et d’en tirer du plaisir.
Plaisir, humanité, sacralité
La science a été mise au service de la vie moderne… l’ingéniosité humaine a permis d’aller vers une simplification de la vie quotidienne… En moins de cinquante ans, on est passé d’une alimentation traditionnelle où les produits préparés et les conserves étaient minoritaires au tout tout prêt sous toutes formes : frais, surgelés, rayon conserves…
Mais est-ce véritablement un progrès ? Car au final, c’est bien l’humain qui en paie le prix.
Dans mon réfrigérateur, les salades en sachet sont devenues rares. Peut-être une voire deux fois par an, parce que j’ai une soudaine envie de mâche, que nous ne sommes pas jour de marché et qu’il n’y en a pas dans les rayons fruités et légumes. Quant aux soupes déshydratées qui faisaient notre bonheur du soir à certaines époques de notre vie, elles ne passent plus le pas de la porte !! ou presque… (imperfection is humanity !)
Alors aller au marché, éplucher, découper, associer, remuer et goûter. Et tout cela avec amour et conscience. Dans ce processus, la nourriture est sacrée et sacralisée. Mais c’est bien le temps qui lui donne cette force sacrée.
Une histoire de temps
Le temps et la patience sont des éléments primordiaux pour développer et installer le plaisir de cuisiner. Si on pense à nos grands-mères qui laissaient cuire des heures certains plats alors que nous avons du mal à supporter d’attendre trois minutes pour faire cuire un œuf à la coq !! Qui ose encore laisser cuire suffisamment longtemps un plat alors que c’est nécessaire pour que chaque ingrédient développe son arôme ?
Il y a les produits que la terre nous a donné pour subvenir à nos besoins élémentaires, et ils apparaissent comme par magie dans nos assiettes. Vraiment ?
Mais en fait, combien de temps pour arriver à ce produit ? Combien de temps et de travail pour ceux et celles qui l’ont produit, façonné, transporté jusqu’à notre table. Et aussi combien de patience et de temps pour confectionner un repas. Et quel respect accordons-nous à tout cela ? Quelle conscience en avons-nous ?
Abandonner le tout prêt
Quand on me dit que faire la cuisine en renonçant aux plats préparés est bon pour la santé et rend heureux. J’ai comme un sourire en coin. Car il ne s’agit pas seulement de tenter de vivre plus sainement. Cuisiner de bout en bout un repas demande plus d’efforts, plus de temps que de faire réchauffer un plat industriel. Abandonner les plats préparés de l’industrie, c’est aussi abandonné tous les sucres cachés qui servent surtout à rehausser le gout… et à nous rendre accros.
Mais peut-être faut-il aussi être prêt ? Au quotidien, on peut facilement préparer des plats simples. Et à condition de choisir des aliments de qualité (qui n’est pas forcément synonyme de cher) et nutritifs, parvenir à manger varier et à construire de bonnes habitudes alimentaires qui pourrait nous éviter de faire des régimes… en théorie…
Si vous prenez le temps de faire les comptes des achats du marché et au supermarché entre un « caddie » de tout tout prêt et un « caddie » majoritairement composé de produits bruts vous devriez constater une différence financière et peut-être aussi, surtout si vous allez au marché, qu’il y a un impact non négligeable sur les déchets liés aux divers emballages.
Ce que je retiens, surtout, à titre personnel, c’est que prendre plaisir à cuisiner, c’est relaxant. Comme lorsque je tricote, je brode, je peins… Peut-être qu’il faut parfois que je me raisonne encore pour ne pas voir ma cuisine comme un lieu de stress. Cela prend du temps de se déprogrammer…